Trois pièces, dans cet opus, présentent Molière "par le petit côté de la lorgnette", un Molière souvent intime et toujours mal connu.
TARTUFFE ET LE ROI
D'après Molière.
Le Tartuffe original en 3 actes, tel qu’il était avant son interdiction par Louis XIV et sa refonte par Molière.
Le Tartuffe ou l’Imposteur, comédie en cinq actes, a été créé à Paris en février 1669.
Mais la première version de cette pièce, Le Tartuffe ou l’Hypocrite, a été jouée pour la première fois à Versailles le 12 mai 1664, devant le Roi et toute la Cour, lors des Fêtes de l’Île Enchantée, données en l’honneur de Mlle de La Vallière, maîtresse de Louis XIV. Il s’agissait d’une farce en trois actes, dont le seul but était de « faire rire les honnêtes gens », et où Tartuffe incarnait le personnage d’un hypocrite, c’est-à-dire d’un faux-dévot. Mais la Compagnie du Saint-Sacrement a aussitôt fait pression sur le Roi pour que la pièce ne soit pas jouée en public, au motif que Molière y raillait la religion, ce qui tombait on ne peut plus mal au moment où l’Église était agitée par la menace de schisme janséniste.
En reprenant le texte et en transformant son hypocrite (faux-dévot) en imposteur (trompeur, calomniateur, escroc, mais sans connotation religieuse), Molière a adouci le trait mais, en même temps, s’est éloigné de la farce. Il nous a légué la comédie grave que nous connaissons.
C’est la farce telle qu’elle a été jouée en 1664 devant le Roi que l'auteur s'est proposé de redécouvrir.
Le Tartuffe original en 3 actes, tel qu’il était avant son interdiction par Louis XIV et sa refonte par Molière.
Le Tartuffe ou l’Imposteur, comédie en cinq actes, a été créé à Paris en février 1669.
Mais la première version de cette pièce, Le Tartuffe ou l’Hypocrite, a été jouée pour la première fois à Versailles le 12 mai 1664, devant le Roi et toute la Cour, lors des Fêtes de l’Île Enchantée, données en l’honneur de Mlle de La Vallière, maîtresse de Louis XIV. Il s’agissait d’une farce en trois actes, dont le seul but était de « faire rire les honnêtes gens », et où Tartuffe incarnait le personnage d’un hypocrite, c’est-à-dire d’un faux-dévot. Mais la Compagnie du Saint-Sacrement a aussitôt fait pression sur le Roi pour que la pièce ne soit pas jouée en public, au motif que Molière y raillait la religion, ce qui tombait on ne peut plus mal au moment où l’Église était agitée par la menace de schisme janséniste.
En reprenant le texte et en transformant son hypocrite (faux-dévot) en imposteur (trompeur, calomniateur, escroc, mais sans connotation religieuse), Molière a adouci le trait mais, en même temps, s’est éloigné de la farce. Il nous a légué la comédie grave que nous connaissons.
C’est la farce telle qu’elle a été jouée en 1664 devant le Roi que l'auteur s'est proposé de redécouvrir.
LE PORTE-PLUME
L'action se déroule en juin 1658. De retour de son périple en province, Molière, jeune comédien plein de fougue et d'ambition, rend visite au grand Pierre Corneille, qu'il trouve en compagnie de son jeune frère Thomas, vif et soupe-au-lait. La rencontre, haute en couleurs, prendra un tour inattendu quand Corneille proposera à Molière un marché insolite.
Il y sera question d'une éventuelle collaboration littéraire entre les deux auteurs, mais pas uniquement. On savait Molière fougueux et ambitieux. Mais, si l’on découvrait en Corneille un homme dépoussiéré de son image de tragédien compassé, pétri d’un modernisme inattendu, englué dans des contraintes qui l’étouffent ?
Il y sera question d'une éventuelle collaboration littéraire entre les deux auteurs, mais pas uniquement. On savait Molière fougueux et ambitieux. Mais, si l’on découvrait en Corneille un homme dépoussiéré de son image de tragédien compassé, pétri d’un modernisme inattendu, englué dans des contraintes qui l’étouffent ?
MOI, ESPRIT-MAGDELEINE, FILLE DE MOLIÈRE
"De courts récits en trames de roman, sans cesse remaniés et jamais satisfaisants, parce qu’impossibles par nature, longtemps j’ai cherché la forme susceptible de relier ces morceaux de vie, jusqu’au moment où il m’est apparu évident que seule une confession pouvait les réunir.
La constante en est le sentiment de vécu qui s’est attaché, pour moi, à différents épisodes de la vie de cette jeune fille, de cette femme qui a vécu dans le souvenir de son père, mais surtout dans l’ombre de sa mère. Pendant des années, plusieurs de ces souvenirs m’ont tourmentée avec une prégnance telle que la reconstitution des mémoires d’Esprit-Magdeleine s’est peu à peu imposée à moi comme un devoir inéluctable."
La constante en est le sentiment de vécu qui s’est attaché, pour moi, à différents épisodes de la vie de cette jeune fille, de cette femme qui a vécu dans le souvenir de son père, mais surtout dans l’ombre de sa mère. Pendant des années, plusieurs de ces souvenirs m’ont tourmentée avec une prégnance telle que la reconstitution des mémoires d’Esprit-Magdeleine s’est peu à peu imposée à moi comme un devoir inéluctable."
AVANT-PROPOS
Quelques fauteuils Louis XIII tapissés de vieil or voisinaient avec un bargueño espagnol. Dans le pur style d’époque XVIème siècle, il était posé sur un piétement en arcatures. Seulement rehaussé, quand il était fermé, par des serrures de fer forgé sur fonds de velours, l’abattant en noyer dévoilait, quand on l’ouvrait et le laissait reposer sur ses bras escamotables ornés d’une coquille Saint-Jacques, une série de tiroirs architecturés, cachant parfois un double fond.
Tel était le décor du salon de mon enfance. Quelques années plus tard, des coffres de noyer et des armoires vinrent compléter la collection. L’une d’elles, en particulier, échoua dans ma chambre. Elle avait été achetée chez un antiquaire de Saint-Guilhem-le-Désert et conservait le souvenir de la pureté architecturale de l’abbaye bénédictine voisine. Sombre et trapue, elle me plaisait par la simplicité de ses côtés panneautés et de ses portes aux moulures droites. Ni pointes de diamants, ni chapeaux de gendarme, juste cinq panneaux, sobres et élégants.
Cette armoire, un jour, je la vidai. Sous une étagère, je fis installer une tablette coulissante qui, lorsqu’on la tirait, en doublait la largeur et formait secrétaire, je fixai dans un angle une ancienne lanterne de calèche, installai un bouquet et la photo du buste de Molière : mon « coin » était prêt. C’est là que je m’isolai et commençai à écrire. C’est là que s’enracina ma passion pour celui qu’on a coutume de désigner comme le plus grand auteur de théâtre français.
Car c’est bien de passion qu’il s’agit. Je ne suis pas fine connaisseuse des pièces de notre auteur national, et ce n’est pas leur étude approfondie qui m’a d’abord conduite à en admirer la construction ou le style. L’élan fut plus spontané et relève du bien-être plus que de l’analyse, comme si j’y retrouvais une ambiance connue, un parfum familier. Alors que je dus apprendre trois ou quatre fois les mêmes événements de certaines périodes de notre Histoire sans jamais parvenir à les mémoriser, je retenais, comme si je les avais toujours connus, ceux qui avaient trait au Roi Soleil ou à Felipe IV de Habsbourg, son beau-père espagnol.
Mon goût pour le Siècle d’Or est éclectique, voire parfois décousu. Mais, qu’il soit français ou espagnol – les deux sont si intimement mêlés – il a fourni leur ligne directrice à mes études supérieures, qui se sont achevées sur une thèse de doctorat ayant pour titre « Recherches sur doña María de Zayas y Sotomayor, El Castigo de la Miseria. Textes, traduction française, introduction et notes ». Il s’agissait de rétablir, à partir de la compilation des trois premières parutions, le texte de l’édition princeps de l’une des nouvelles composant le recueil intitulé Nouvelles amoureuses et exemplaires, publié aux alentours de 1636 – la date fait débat – de l’expliciter par un arsenal de notes, de le traduire et de le replacer dans son contexte historique et littéraire. Ce travail, pour ne pas concerner la littérature française, ne m’en a pas moins permis d’approcher intimement les « sources » de Molière et de me former à la recherche littéraire. Calderón de la Barca, Tirso de Molina et consorts furent, pendant plusieurs années, mes compagnons de voyage.
(...)
Quelques fauteuils Louis XIII tapissés de vieil or voisinaient avec un bargueño espagnol. Dans le pur style d’époque XVIème siècle, il était posé sur un piétement en arcatures. Seulement rehaussé, quand il était fermé, par des serrures de fer forgé sur fonds de velours, l’abattant en noyer dévoilait, quand on l’ouvrait et le laissait reposer sur ses bras escamotables ornés d’une coquille Saint-Jacques, une série de tiroirs architecturés, cachant parfois un double fond.
Tel était le décor du salon de mon enfance. Quelques années plus tard, des coffres de noyer et des armoires vinrent compléter la collection. L’une d’elles, en particulier, échoua dans ma chambre. Elle avait été achetée chez un antiquaire de Saint-Guilhem-le-Désert et conservait le souvenir de la pureté architecturale de l’abbaye bénédictine voisine. Sombre et trapue, elle me plaisait par la simplicité de ses côtés panneautés et de ses portes aux moulures droites. Ni pointes de diamants, ni chapeaux de gendarme, juste cinq panneaux, sobres et élégants.
Cette armoire, un jour, je la vidai. Sous une étagère, je fis installer une tablette coulissante qui, lorsqu’on la tirait, en doublait la largeur et formait secrétaire, je fixai dans un angle une ancienne lanterne de calèche, installai un bouquet et la photo du buste de Molière : mon « coin » était prêt. C’est là que je m’isolai et commençai à écrire. C’est là que s’enracina ma passion pour celui qu’on a coutume de désigner comme le plus grand auteur de théâtre français.
Car c’est bien de passion qu’il s’agit. Je ne suis pas fine connaisseuse des pièces de notre auteur national, et ce n’est pas leur étude approfondie qui m’a d’abord conduite à en admirer la construction ou le style. L’élan fut plus spontané et relève du bien-être plus que de l’analyse, comme si j’y retrouvais une ambiance connue, un parfum familier. Alors que je dus apprendre trois ou quatre fois les mêmes événements de certaines périodes de notre Histoire sans jamais parvenir à les mémoriser, je retenais, comme si je les avais toujours connus, ceux qui avaient trait au Roi Soleil ou à Felipe IV de Habsbourg, son beau-père espagnol.
Mon goût pour le Siècle d’Or est éclectique, voire parfois décousu. Mais, qu’il soit français ou espagnol – les deux sont si intimement mêlés – il a fourni leur ligne directrice à mes études supérieures, qui se sont achevées sur une thèse de doctorat ayant pour titre « Recherches sur doña María de Zayas y Sotomayor, El Castigo de la Miseria. Textes, traduction française, introduction et notes ». Il s’agissait de rétablir, à partir de la compilation des trois premières parutions, le texte de l’édition princeps de l’une des nouvelles composant le recueil intitulé Nouvelles amoureuses et exemplaires, publié aux alentours de 1636 – la date fait débat – de l’expliciter par un arsenal de notes, de le traduire et de le replacer dans son contexte historique et littéraire. Ce travail, pour ne pas concerner la littérature française, ne m’en a pas moins permis d’approcher intimement les « sources » de Molière et de me former à la recherche littéraire. Calderón de la Barca, Tirso de Molina et consorts furent, pendant plusieurs années, mes compagnons de voyage.
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