Sainte-Hélène, Domaine de Longwood, 5 mai 1821, Napoléon va mourir cette nuit. Dans ses derniers instants, il retrouve les femmes de sa vie, celles qui ont le plus compté pour lui. Elles lui avouent enfin ce qu’elles n’ont jamais pu lui dire auparavant, laissant parler leurs regrets, leurs reproches mais, par-dessus tout, leur amour.
Au-delà de l’empereur apparaît l’homme dans toute sa sensibilité, toute son humanité.
La pièce, écrite dans le cadre de l'Année Napoléon et montée par la Compagnie Vis-de-forme, sera créée le 6 mai 2022 à La Roquette-sur-Siagne.
L'extrait
Napoléon – C’est vrai, ma décision de divorcer s’est d’ailleurs affaiblie dès que je t’ai revue.
Joséphine – Et puis, j’avais trop de relations dans le monde politique. Tu avais calculé que, sans moi, Barras, Gohier et les autres te retireraient leur soutien.
Napoléon – Qu’avais-je besoin du soutien de ces canailles ?
Joséphine (haussant le ton) – Sois honnête, pour une fois, Napoleone ! Les hommes politiques sont cruels envers ceux qui menacent leurs acquis. Sans moi, tu aurais végété longtemps. Sans moi, tu serais resté ce petit général de brigade à l’uniforme rapiécé. Tu te rappelles que c’est moi qui faisais ravauder tes uniformes par mes propres couturières ? N’est-ce pas que tu te le rappelles ? N’oublie jamais que c’est moi qui t’ai fait, mon doudou.
Napoléon – Eh bien ! Entre toi qui « m’as fait » et ma mère qui soutient que « l’avenir d’un enfant est l’œuvre de sa mère » … (Geste de Joséphine) Si tu veux savoir la vérité, c’est à cause de tes enfants que j’ai d’abord renoncé à divorcer. J’aime tes enfants, Joséphine. Hortense dont nous avons voulu, un temps, adopter le fils comme notre héritier légitime. Et Eugène, avec qui j’ai partagé les périls de la campagne d’Égypte. J’avais toute confiance en eux et je n’ai pas voulu me séparer d’eux. De ma famille. Parce que oui, c’était eux, ma véritable famille, c’est en eux seuls que j’ai jamais eu confiance.
Joséphine – En eux seuls ? Alors pourquoi n’as-tu pas adopté Eugène ? Il serait devenu tout naturellement ton héritier et aurait pu poursuivre ton œuvre.
Napoléon – Eugène ? Euh… à l’époque, je n’y ai pas pensé.
Joséphine – (Fort) Tu me prends pour une conne ? Eugène était déjà ton aide de camp lors de la campagne d’Italie, il t’a suivi en Égypte, Eugène que tu considérais comme ton fils et qui a pris part à toutes tes campagnes, à toutes les batailles, Eugène que tu as fait grand-officier de la Légion d’honneur et en qui tu as toujours déclaré avoir toute confiance ? Tu oses me dire que tu n’y as pas pensé ?
Napoléon (Timide) – Je l’ai adopté, au lendemain de Wagram.
Joséphine – C’était trop tard. Je vais te dire, moi, pourquoi tu n’y as pas pensé. Tu n’y as pas pensé parce que tu avais déjà pris ta décision : tu voulais te séparer de moi, tes sens réclamaient de la chair fraîche. Et puis, il te fallait un héritier de ton sang. Ta fierté t’interdisait de mettre mon fils sur le trône. Tes putains venaient d’accoucher des petits Léon et Alexandre, tu savais que tu pouvais procréer, ton orgueil de mâle s’était réveillé. (Elle crie) Tu n’as pas adopté Eugène pour montrer au monde que tu avais des zefs.
Joséphine – Et puis, j’avais trop de relations dans le monde politique. Tu avais calculé que, sans moi, Barras, Gohier et les autres te retireraient leur soutien.
Napoléon – Qu’avais-je besoin du soutien de ces canailles ?
Joséphine (haussant le ton) – Sois honnête, pour une fois, Napoleone ! Les hommes politiques sont cruels envers ceux qui menacent leurs acquis. Sans moi, tu aurais végété longtemps. Sans moi, tu serais resté ce petit général de brigade à l’uniforme rapiécé. Tu te rappelles que c’est moi qui faisais ravauder tes uniformes par mes propres couturières ? N’est-ce pas que tu te le rappelles ? N’oublie jamais que c’est moi qui t’ai fait, mon doudou.
Napoléon – Eh bien ! Entre toi qui « m’as fait » et ma mère qui soutient que « l’avenir d’un enfant est l’œuvre de sa mère » … (Geste de Joséphine) Si tu veux savoir la vérité, c’est à cause de tes enfants que j’ai d’abord renoncé à divorcer. J’aime tes enfants, Joséphine. Hortense dont nous avons voulu, un temps, adopter le fils comme notre héritier légitime. Et Eugène, avec qui j’ai partagé les périls de la campagne d’Égypte. J’avais toute confiance en eux et je n’ai pas voulu me séparer d’eux. De ma famille. Parce que oui, c’était eux, ma véritable famille, c’est en eux seuls que j’ai jamais eu confiance.
Joséphine – En eux seuls ? Alors pourquoi n’as-tu pas adopté Eugène ? Il serait devenu tout naturellement ton héritier et aurait pu poursuivre ton œuvre.
Napoléon – Eugène ? Euh… à l’époque, je n’y ai pas pensé.
Joséphine – (Fort) Tu me prends pour une conne ? Eugène était déjà ton aide de camp lors de la campagne d’Italie, il t’a suivi en Égypte, Eugène que tu considérais comme ton fils et qui a pris part à toutes tes campagnes, à toutes les batailles, Eugène que tu as fait grand-officier de la Légion d’honneur et en qui tu as toujours déclaré avoir toute confiance ? Tu oses me dire que tu n’y as pas pensé ?
Napoléon (Timide) – Je l’ai adopté, au lendemain de Wagram.
Joséphine – C’était trop tard. Je vais te dire, moi, pourquoi tu n’y as pas pensé. Tu n’y as pas pensé parce que tu avais déjà pris ta décision : tu voulais te séparer de moi, tes sens réclamaient de la chair fraîche. Et puis, il te fallait un héritier de ton sang. Ta fierté t’interdisait de mettre mon fils sur le trône. Tes putains venaient d’accoucher des petits Léon et Alexandre, tu savais que tu pouvais procréer, ton orgueil de mâle s’était réveillé. (Elle crie) Tu n’as pas adopté Eugène pour montrer au monde que tu avais des zefs.