L'extrait
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Sous la direction de Patrick Zeff-Samet, script doctor, huit Auribellois se sont réunis pendant un an afin d'écrire, pour le théâtre, l'histoire d'Auribeau-sur-Siagne. Ce sont : Christine Bernard pour les scènes contemporaines ; Jacqueline Arnaud, Mireille Bellion, Danielle Ferut, Térence Ferut, Denise Hustache, Corinne Rives et Roland Spadina pour les saynètes historiques.
Enchâssés dans une fiction contemporaine, sept saynètes documentées reprennent les principaux épisodes de l'histoire du village : - Un procès en sorcellerie (1124) - La peste (1348) - L'acte d'habitation (1497) - La guerre de Succession d'Espagne (1707) - La Révolution (1793) - La première école laïque (1892) - Le Débarquement (1944). Distribution modulable. Idéal pour ateliers de théâtre ! |
Scène 2 – (1124. Le procès, la malédiction)
La place du village. Est dressé un bûcher sur lequel une femme est ligotée. Les villageois entrent en criant des injures…La foule – Fille de Satan, qu’on la brûle ! Empoisonneuse, hérétique, diablesse…
Dès qu’ils entrent, les enfants font la ronde autour du bûcher.
Figurant (En provençal) – Putana, porqueria, saloperia, rementa, rascladuro…
Parmi le brouhaha se détachent les cris suivants :
Figurant – Sorcière !
Figurant – Bougresse !
Figurant – Fille du Diable !
Villageois (Ensemble) – A mort !
Des gamins lui lancent des pierres, un homme jette un fagot au pied du bûcher
Entrent à cour : le garde à la hallebarde, le porte-croix, l’Inquisiteur, un frère, Térence, le boutefeu, le garde à l’épée. Ils montent la rampe et se campent à jardin, à côté du bûcher. Les villageois, sauf un, se regroupent à cour, tout le monde se tait, les parents rappellent leurs enfants.
Figurant – Mets-y du bois bien vert….qu’elle en profite ! (Il éclate de rire et rejoint les autres)
L’Inquisiteur (Déroule lentement un parchemin) – Le Tribunal de Dieu a jugé. En ce sixième jour du mois de Juillet de l’an de Grâce 1124, nous venons faire exécuter la sentence sur les lieux mêmes où la femme Coline a commis ses crimes. C’est durant la construction de cette maison que son fils a été tué par la chute d’une poutre, et c’est ici qu’elle s’est adressée au Diable en le priant.
Coline – C’est faux !!!
L’inquisiteur – Moult gens vous ont entendue.
Coline – Non, je l’ai maudit car c’est lui qui a provoqué cet accident et l’ai imploré de me rendre mon enfant !
L’inquisiteur (Hurlant) – On n’implore pas Satan ! Taisez-vous !
Ce hurlement semble avoir réveillé l’un des juges, le frère Térence, qui soulève sa capuche, regarde d’un air ahuri autour de lui.
Térence – Mais qu’est- ce que c’est ? Où suis-je ?... (Il avance et s’adresse aux Villageois) Mais qu’est- ce que je fous là ? Ils tournent un film ? Mais où sont les caméras ? (Découvrant sa robe) Et moi, pourquoi ils m’ont habillé comme ça ?
L’inquisiteur (Comme s’il n’avait pas entendu) – Cette femme est également accusée de ramasser toutes sortes d’herbes afin d’en confectionner des breuvages sous le prétexte fallacieux de guérir les hommes.
Térence - Ah, la santé par les plantes, il n’y a que ça de vrai ! On y revient. (A l’Inquisiteur) J’ai compris, c’est « Surprise sur prise » ! (A la femme sur le bûcher, sur le ton de la plaisanterie) Ne les écoutez pas, mademoiselle, vous êtes dans le vrai.
Le Juge (Affolé, attrape Térence par la manche) – Frère Térence, que vous-arrive-t-il ? Reprenez vos esprits…
Térence – Frère Térence ? Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Je ne suis pas moine !
L’inquisiteur (Ignorant ces propos) – Cette Sorcière est aussi accusée de fabriquer en secret des poudres aphrodisiaques.
Coline – Oui, je fabrique des poudres qui rendent la force et la vigueur. Et ce n’est un secret pour personne puisque tous les moines de la région viennent aussi m’en demander !
L’Inquisiteur – Blasphème ! Mensonge ! Tais-toi, ignoble serpent !
Térence (A la foule réunie) – Comment ? Elle fabrique un Viagra naturel ? Et bio en plus !? Mais c’est une fortune, cette femme ! (A Coline) Laissez-moi votre numéro de téléphone, vous m’intéressez !
L’inquisiteur (L’interrompant) – Qu’on livre aux flammes ce suppôt du Diable ! (Il fait signe au boutefeu, qui approche)
La foule – A mort ! Brûlez-la, etc.
Coline – SOYEZ MAUDITS, (La foule baisse le ton ; le boutefeu s’arrête net) ET QUE CETTE MALEDICTION S’ABATTE SEPT FOIS SUR VOTRE VILLAGE AU COURS DES SIÈCLES, (L’Inquisiteur fait signe au boutefeu de poursuivre) VOUS QUI AVEZ LAISSE SOUFFRIR MON ENFANT PENDANT SEPT JOURS !
La foule – A mort ! Brûlez-la, etc.
Térence se jette sur le boutefeu pour l’arrêter.
Térence – Mais il est où le réalisateur ? Il n’y personne qui commande, ici ? (Au boutefeu) Arrêtez votre cinéma, cela suffit maintenant ! Ça peut être dangereux, ce que vous faites là ! (Il lui prend la torche des mains, se brûle et la lâche ; elle tombe par terre ; le boutefeu la ramasse ; Térence souffle sur sa main brûlée)
L’inquisiteur – Cette fille du Diable a ensorcelé notre Frère, emmenez-le.
Les 2 gardes l’attrapent pour l’emmener.
Térence (Se débat. A l’Inquisiteur) – Non, ce n’est pas vrai ? Vous n’allez tout de même pas faire brûler cette femme ? Mais vous êtes malaaaaade ! (Il se dégage et se précipite pour écarter les fagots. Les deux hommes d’armes l’assomment et le traînent en arrière-scène ; le boutefeu allume le bûcher)
NOIR
La place du village. Est dressé un bûcher sur lequel une femme est ligotée. Les villageois entrent en criant des injures…La foule – Fille de Satan, qu’on la brûle ! Empoisonneuse, hérétique, diablesse…
Dès qu’ils entrent, les enfants font la ronde autour du bûcher.
Figurant (En provençal) – Putana, porqueria, saloperia, rementa, rascladuro…
Parmi le brouhaha se détachent les cris suivants :
Figurant – Sorcière !
Figurant – Bougresse !
Figurant – Fille du Diable !
Villageois (Ensemble) – A mort !
Des gamins lui lancent des pierres, un homme jette un fagot au pied du bûcher
Entrent à cour : le garde à la hallebarde, le porte-croix, l’Inquisiteur, un frère, Térence, le boutefeu, le garde à l’épée. Ils montent la rampe et se campent à jardin, à côté du bûcher. Les villageois, sauf un, se regroupent à cour, tout le monde se tait, les parents rappellent leurs enfants.
Figurant – Mets-y du bois bien vert….qu’elle en profite ! (Il éclate de rire et rejoint les autres)
L’Inquisiteur (Déroule lentement un parchemin) – Le Tribunal de Dieu a jugé. En ce sixième jour du mois de Juillet de l’an de Grâce 1124, nous venons faire exécuter la sentence sur les lieux mêmes où la femme Coline a commis ses crimes. C’est durant la construction de cette maison que son fils a été tué par la chute d’une poutre, et c’est ici qu’elle s’est adressée au Diable en le priant.
Coline – C’est faux !!!
L’inquisiteur – Moult gens vous ont entendue.
Coline – Non, je l’ai maudit car c’est lui qui a provoqué cet accident et l’ai imploré de me rendre mon enfant !
L’inquisiteur (Hurlant) – On n’implore pas Satan ! Taisez-vous !
Ce hurlement semble avoir réveillé l’un des juges, le frère Térence, qui soulève sa capuche, regarde d’un air ahuri autour de lui.
Térence – Mais qu’est- ce que c’est ? Où suis-je ?... (Il avance et s’adresse aux Villageois) Mais qu’est- ce que je fous là ? Ils tournent un film ? Mais où sont les caméras ? (Découvrant sa robe) Et moi, pourquoi ils m’ont habillé comme ça ?
L’inquisiteur (Comme s’il n’avait pas entendu) – Cette femme est également accusée de ramasser toutes sortes d’herbes afin d’en confectionner des breuvages sous le prétexte fallacieux de guérir les hommes.
Térence - Ah, la santé par les plantes, il n’y a que ça de vrai ! On y revient. (A l’Inquisiteur) J’ai compris, c’est « Surprise sur prise » ! (A la femme sur le bûcher, sur le ton de la plaisanterie) Ne les écoutez pas, mademoiselle, vous êtes dans le vrai.
Le Juge (Affolé, attrape Térence par la manche) – Frère Térence, que vous-arrive-t-il ? Reprenez vos esprits…
Térence – Frère Térence ? Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Je ne suis pas moine !
L’inquisiteur (Ignorant ces propos) – Cette Sorcière est aussi accusée de fabriquer en secret des poudres aphrodisiaques.
Coline – Oui, je fabrique des poudres qui rendent la force et la vigueur. Et ce n’est un secret pour personne puisque tous les moines de la région viennent aussi m’en demander !
L’Inquisiteur – Blasphème ! Mensonge ! Tais-toi, ignoble serpent !
Térence (A la foule réunie) – Comment ? Elle fabrique un Viagra naturel ? Et bio en plus !? Mais c’est une fortune, cette femme ! (A Coline) Laissez-moi votre numéro de téléphone, vous m’intéressez !
L’inquisiteur (L’interrompant) – Qu’on livre aux flammes ce suppôt du Diable ! (Il fait signe au boutefeu, qui approche)
La foule – A mort ! Brûlez-la, etc.
Coline – SOYEZ MAUDITS, (La foule baisse le ton ; le boutefeu s’arrête net) ET QUE CETTE MALEDICTION S’ABATTE SEPT FOIS SUR VOTRE VILLAGE AU COURS DES SIÈCLES, (L’Inquisiteur fait signe au boutefeu de poursuivre) VOUS QUI AVEZ LAISSE SOUFFRIR MON ENFANT PENDANT SEPT JOURS !
La foule – A mort ! Brûlez-la, etc.
Térence se jette sur le boutefeu pour l’arrêter.
Térence – Mais il est où le réalisateur ? Il n’y personne qui commande, ici ? (Au boutefeu) Arrêtez votre cinéma, cela suffit maintenant ! Ça peut être dangereux, ce que vous faites là ! (Il lui prend la torche des mains, se brûle et la lâche ; elle tombe par terre ; le boutefeu la ramasse ; Térence souffle sur sa main brûlée)
L’inquisiteur – Cette fille du Diable a ensorcelé notre Frère, emmenez-le.
Les 2 gardes l’attrapent pour l’emmener.
Térence (Se débat. A l’Inquisiteur) – Non, ce n’est pas vrai ? Vous n’allez tout de même pas faire brûler cette femme ? Mais vous êtes malaaaaade ! (Il se dégage et se précipite pour écarter les fagots. Les deux hommes d’armes l’assomment et le traînent en arrière-scène ; le boutefeu allume le bûcher)
NOIR